
On l’avait prévenu : sur la face cachée, l’heure n’est pas la même. Pas seulement à cause du soleil qu’on ne voit jamais, ni des chronos qu’on retarde pour tromper le corps ; non, autre chose — un tempo de fond, une façon pour les faits d’arriver avec une seconde d’avance sur l’intention qui les déclenche. Louis Sorel descendit de la navette par l’échelle métallique, un pied après l’autre. Les suspensions vibrèrent encore, une poussière fine monta et retomba sans vent, comme un drap secoué dans un placard. Il avait l’impression d’entrer dans un local technique géant, un arrière-monde où l’on range les pièces de rechange du réel.